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Par la Rédaction

Cameroun - Fin de règne : le dernier piège du stratège Paul Biya

Le dernier piège de Paul Biya. Depuis combien de temps annonce-t-on la fin de règne de Paul Biya ? Cette prétention naïvement affirmée est entrée dans le construit du discours politique au point où on se demande si ce n’est pas un pion poussé sur l’échiquier par le pouvoir pour garder l’opposition dans une posture attentiste.



Fin de règne ! La rengaine est fredonnée à couper le souffle, à tout vent, par une frange importante des acteurs politiques. Vraiment la fin d’un système construit patiemment, perfidement, malicieusement depuis les premières heures des indépendances du Cameroun sur un claquement de doigts, avec le départ d’un homme, fut-il le maillon essentiel de la structure ? C’est croire à la mort d’un arbre dont on a coupé la branche centrale. Cette attitude trahit à suffisance l’état psychologique des adversaires de Paul Biya, traumatisés dans les cordes où ils sont jetés pour certains, par quarante années de pouvoir sans partage de l’homme du 6 novembre 1982.


Cet argumentaire politique de fin de règne ressassé, même dans les cercles du pouvoir, avec une odeur nauséeuse, retentit comme une reconnaissance de l’impossibilité de vaincre « l’Homme lion » sur les voies républicaines de dévolution du pouvoir. Paul Biya est accepté ainsi dans le subconscient des uns et des autres comme une sorte de sphinx, doublé du phénix qui renaît toujours de ses cendres. Il ne reste plus donc pour certains de ses adversaires, réduits en spectateurs passifs ou en observateurs de la scène, que de l’épier chaque jour dans ses mouvements et gestes, pour claironner en médecin pronostiqueur la fin de ses jours sur terre, surtout au regard du vénérable âge de l’homme. Cette affirmation signifie aussi pernicieusement que le régime Biya est construit sur sa personne physique et ne saurait lui survivre. Soit ! Comme le lançait Abdoulaye Wade à la fin de son pouvoir parce que poussé par son opposition dans ses derniers retranchements, « je ne ferai de cadeau à personne », devrait retentir avec dix mille échos même dans les oreilles de ceux qui sont en embuscade dans les cercles du pouvoir. Aucun cadeau n’est possible.


C’est le rapport de force croisé avec toutes les éventualités qui l’emporte toujours. Même sans Paul Biya, la technostructure qui tient lieu de squelette de son régime est loin de se saborder. Les fantasmes, les imageries fabuleuses comme l’implosion du pouvoir sur lui-même avec le départ d’un chef qui serait l’alpha et l’oméga est une allégorie mortifère pour la vitalité d’une opposition démocratique. Il ne faut pas avoir la mémoire courte même si comparaison n’est pas raison. Au départ d’Ahmadou Ahidjo du pouvoir, l’opposition portée par l’UPC disséminée aux quatre coins du monde s’est réjouie de la chute « du dictateur, du sanguinaire, de l’autocrate », les qualificatifs sont sans fin pour saluer l’avènement de Paul Biya sur le fauteuil présidentiel. Et le stratège Biya est venu avec le Renouveau national. Tout était beau et nouveau, sauf que tous ont naïvement oublié de quel moule il sortait, et se sont mis à chanter le refrain de l’alléluia d’un retour à la politique sans faille de l’UPC. C’était si beau au point où d’aucuns ont parlé d’un coup d’Etat des anges, en souvenir des prédictions de Monseigneur Albert Ndongmo empêtré dans les serres du pouvoir.


Ahidjo était parti ! Aujourd’hui, quarante ans après, il y a lieu de constater que la structuration du pouvoir a résisté et résiste encore à l’essentiel du souffle des vertus démocratiques. Le régime Biya tout comme le régime Ahidjo, se cherchera toujours une voie de survie, un pont pour atteindre l’autre rive des aléas dictés par les destinées collectives individuelles. Là, le pouvoir opère sa mue, il renait de ses cendres sur le feu de la transition, sur le pont de la passation de flambeau, et réincarne l’antique technostructure avec d’autres visages, mais reste égal à lui-même. Ceux qui misent sur un régime qui va à sa fin, sont à moins d’être aveugles, emmaillotés dans la crèche de la naïveté dont il faudra toute une vie pour les exorciser. Si le MRC comme hier le SDF, connaît ce triste sort, c’est bien évidemment parce qu’il refuse avant tout de marcher sur les sentiers battus que lui offrent le régime. Le boycott des élections étant de ce fait une volonté affichée de contester au plus haut point la mécanique de dévolution du pouvoir dans son engrainage au quotidien.


Or le pouvoir graisse très bien la mécanique de peur que la mécanique n’enrhume. Ceci dit, ce dont le régime redoute est une mobilisation populaire qui pourrait coincer définitivement la ferraille comme au Burkina Fasso, en Tunisie ou en Egypte. A Etoudi, même le tondeur de gazon doit se rire des partisans de fin de règne. Paul Biya parti, ne signifie pas absolument que son règne est terminé. « Alea jacta est », disaient les Latins, comme nous reprenons aujourd’hui en français, « les dés sont jetés », et seul le temps révèlera que le pouvoir est ancré au Ciel.


Source : camerounweb.com

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