CDC : une attaque revendiquée par les séparatistes fait 5 morts et menace à nouveau
Cinq employés de la Cameroon Development Corporation (CDC), entreprise publique exploitant des plantations de bananes, de palmiers à huile et d’hévéa dans les régions du Sud-Ouest et du Littoral, ont été tués le 10 février 2023.
Selon un communiqué rendu public par le directeur général de l’entreprise, Franklin Ngoni Njié, ces décès sont survenus lors de l’attaque d’un camion transportant le personnel par des hommes armés. Au 11 février 2023, 44 employés blessés dans cette attaque étaient encore sous soins dans un hôpital de Tiko.
Dans une vidéo postée le 11 février 2023 sur les réseaux sociaux, le mouvement séparatiste dénommé Ambazonia Governing Council, l’une des nombreuses factions de militants sécessionnistes qui revendiquent l’indépendance des deux régions anglophones du Cameroun (Sud-Ouest et du Nord-Ouest) depuis fin 2016, a revendiqué l’attaque. « Nos combattants ont attaqué la CDC à Tiko, tuant 5 civils et blessant des dizaines d’autres. Ceci enverra un message à la République du Cameroun qui aime soudoyer Chris Anu et Sako Ikome (d’autres leaders séparatistes, NDLR) pour permettre à la CDC de fonctionner. Cela servira de leçon », a commenté Capo Daniel, l’un des lieutenants du leader séparatiste Ayaba Cho.
Dans la même vidéo, Capo Daniel invite ses partisans à lancer de nouvelles attaques contre la CDC, 2e employeur du Cameroun après l’État, et principale victime de la crise sociopolitique qui sévit dans la partie anglophone du Cameroun depuis bientôt 7 ans. En effet, dès l’année 2017, les installations et les employés de la CDC ont été pris pour cible par les militants séparatistes. Des équipements de l’entreprise ont été incendiés, tandis que les employés rencontrés dans les plantations étaient mutilés ou tués.
En 2018, 12 sites sur 29 étaient en arrêt total de production à la CDC, selon un rapport du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), la principale organisation patronale du pays. Selon la CDC elle-même, certains de ces sites étaient devenus des camps de base pour des milices armées. Cette conjoncture difficile avait officiellement causé la perte de 6 124 emplois sur les plus de 22 000 que comptait l’entreprise, et avait par la même occasion provoqué la sortie de la CDC du fichier des exportateurs de bananes entre septembre 2018 et mai 2020 (18 mois), en raison de l’arrêt des activités de production.
Malgré l’appel au calme et à la vigilance, lancé par le DG de la CDC en direction de ses collaborateurs, l’attaque du 10 février 2023 replonge les employés dans la psychose, et menace à nouveau les activités de l’entreprise, après l’accalmie observée ces dernières années, avec notamment le retour de l’entreprise dans le fichier des exportateurs de bananes depuis juin 2020, et la reprise des activités dans certaines plantations abandonnées depuis 5 ans à cause de l’insécurité. Toute chose qui, en janvier 2023, a permis à la CDC d’afficher des exportations en hausse de 83% en glissement annuel.
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