Guerre en Ukraine: la solidarité européenne avec Kiev remise en question
A l'approche de l'hiver et alors que l'inflation explose, les opinions publiques, inquiètes des effets sur leur porte-monnaie, sont de plus en plus hostiles aux sanctions contre Moscou. De mauvais augure pour l'unité des Vingt-Sept.
Samedi 3 septembre, à Prague, ils étaient 70.000 manifestants à huer les effets des sanctions contre la Russie de Poutine. Mot d'ordre: "Les Tchèques d'abord." Une semaine plus tard, à Vienne, près de 3.000 Autrichiens conspuaient les conséquences des mesures anti-Moscou.
Au fil des jours, la grogne s'est diffusée, gagnant la Bulgarie, puis la Hongrie, enfin mi-septembre et début octobre, l'Allemagne. A Berlin, deux cortèges anti-guerre ont cohabité, l'un d'extrême droite, l'autre d'extrême gauche. Dans l'ex-RDA, des protestataires ont défilé dans plusieurs villes, dont Leipzig et Halle, brandissant des slogans aux relents de guerre froide: "Ami go home." ("les Ricains, rentrez chez vous")… Avec l'arrivée de l'hiver grandit la peur de grelotter faute de gaz russe, et de se ruiner à cause de l'inflation.
La sacro-sainte solidarité que les Européens avaient affichée avec l'Ukraine dès le premier jour de l'agression russe, le 24 février, commence à s'estomper. On ne le perçoit pas encore dans les enquêtes globales, comme l'Eurobaromètre, qui montrait début septembre, qu'une majorité de la population de l'Union européenne soutenait les sanctions et les livraisons d'armes. Pourtant, insensiblement, un revirement affleure dans les sondages nationaux.
Comme en Allemagne, où, selon l'enquête DeutschlandTrend, 33% de la population réprouve les sanctions (ils étaient 11% en avril) et 51% dans la partie orientale du pays. Plus frappant encore, dans l'Autriche voisine, qui n'a jamais été dans l'orbite soviétique, un sondage INSA indique que désormais une majorité de la population, 52%, s'oppose à toute mesure de rétorsion contre le Kremlin. La tension est telle, que le chancelier pro-sanctions Karl Nehammer a dû mettre sa démission en balance.
"Pire que le Covid"
Au Parlement européen, le département Opinion publique, qui publie depuis début mars un bulletin hebdomadaire sur "La perception de la guerre en Ukraine", sent lui aussi le changement. Un de ses responsables analyse: "[...]
Comentários