Le 6 avril 1984, le jour où Paul Biya a failli perdre le pouvoir
Il y a quarante ans jour pour jour, le président camerounais échappait de justesse à un coup d’État. Un épisode qui l’a profondément marqué et qui continue d’influencer ses stratégies politiques de maintien au pouvoir.
Paul Biya a vacillé. Ce 6 avril 1984, le président du Cameroun, qui a accédé au pouvoir moins de deux ans plus tôt, fait face à une tentative de putsch orchestrée par des officiers de la Garde républicaine, originaires du nord du pays. Il n’est pas surpris : depuis plusieurs jours, il a prévenu de la menace son directeur de cabinet, Philippe Mataga, ainsi que quelques proches, espérant régler les choses dans la discrétion.
La veille, le prudent chef de l’État a même éloigné de la capitale, Yaoundé, sa femme, Jeanne-Irène, et son fils, Franck. Ceux-ci ont été emmenés à bord d’un hélicoptère piloté par le capitaine Joseph Feutcheu vers le palais présidentiel de Kribi, dans le département de l’Océan. Ils y ont passé la nuit et en sont repartis tôt le lendemain pour se cacher en forêt. Paul Biya se méfie donc, mais n’a sans doute pas mesuré l’ampleur du danger.
Le président camerounais réfugié dans son bunker
À Yaoundé, les putschistes, qui ont l’assentiment de l’ancien président Ahmadou Ahidjo, prennent le contrôle des principaux points clés et multiplient les arrestations. Le directeur de la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguélé, est notamment arrêté et jeté en prison. Le domicile du général Pierre Semengue – que Paul Biya n’avait pas prévenu – est attaqué, mais le chef d’état-major des armées, blessé, parvient à s’enfuir de justesse.
Le chef de l’État, lui, se réfugie dans le bunker du Palais présidentiel. Pour certains, l’affaire semble pliée. Mais les putschistes n’ont pas la totale maîtrise des canaux de communication. Ils ont laissé fonctionner le réseau téléphonique jusqu’à 10 heures du matin et les loyalistes parviennent à appeler des renforts. Peu à peu, la riposte s’organise, notamment autour du général Semengue, qui apprend l’arrivée des renforts par la route d’Ebolowa.
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