Le trader anglo-suisse Glencore de nouveau condamné pour des faits de corruption au Cameroun
Le trader anglo-suisse Glencore a été condamné le 3 novembre par la justice britannique à une amende de 276 millions de livres sterling (162,73 milliards de FCFA), après avoir plaidé coupable pour des actes de corruption en vue d’obtenir des contrats pétroliers dans cinq pays africains, dont le Cameroun.
« La corruption faisait clairement partie de la culture d’un certain nombre de membres du personnel du bureau d’Afrique de l’Ouest. Les chefs d’accusation représentent une infraction sophistiquée qui a eu lieu sur des périodes prolongées se mesurant en années », a commenté le juge Peter Fraser de la Southwark Crown Court de Londres.
En effet, entre 2007 et 2018 environ, Glencore et ses filiales ont avoué à la Justice, en mai dernier, avoir payé environ 79,6 millions de dollars de paiements à des sociétés intermédiaires afin d’obtenir des avantages indus et conserver des contrats avec des entités publiques et contrôlées par l’État dans certains pays d’Afrique : Nigeria, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale et Soudan du Sud. Glencore a confessé également qu’il a dissimulé les paiements de pots-de-vin en concluant de faux accords de conseil, en payant des factures gonflées et en utilisant des sociétés intermédiaires pour effectuer des paiements corrompus à des fonctionnaires étrangers.
Fin mai, la société anglo-suisse avait déjà écopé d’une amende de 1,1 milliard de dollars aux États-Unis. Elle sanctionnait la mise en place d’un système de pots-de-vin pour obtenir des contrats d’exploitation de pétrole en Amérique latine et en Afrique dont au Cameroun et pour des manipulations des cours du carburant américain.
Dans le cadre d’une enquête dirigée par le Bureau britannique des fraudes sérieuses, un avocat de la multinationale a déjà déclaré le 24 mai dernier que la société plaiderait coupable d’accusations de corruption, y compris le paiement de pots-de-vin d’environ 7 milliards de FCFA pour inciter des responsables de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et de la Société nationale de raffinage (Sonara) afin de favoriser les opérations de Glencore au Cameroun.
Suite à ces révélations, la SNH a alors réagi le 30 mai, via un communiqué, aux aveux de corruption de Glencore en niant les faits. « Il est porté à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que la SNH n’est ni de loin, ni de près, associée à des telles pratiques, strictement interdites par son Règlement intérieur », a déclaré l’administrateur-directeur général (ADG) de la société.
Adolphe Moudiki a indiqué néanmoins que les autorités américaines et anglaises ont été saisies, en vue de fournir les éléments qui permettraient d’établir la véracité de ces « allégations ». L’ADG a promis également d’informer l’opinion publique « en temps opportun » de la suite réservée à la demande la SNH. Mais depuis la parution de ce communiqué, la SNH n’a plus communiqué sur le sujet.
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