Macron II en Afrique et au Moyen-Orient, le choix de la stabilité ?
Tandis que les mairies et les conseils régionaux de France arborent volontiers le drapeau ukrainien, manifestant ainsi leur solidarité face à l’agression russe, certains ne peuvent s’empêcher de s’émouvoir de l’indifférence générale qui prévaut s’agissant de la guerre menée par Riyad au Yémen.
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Inconscient identitaire européen ou indulgence à l’égard de l’Arabie Saoudite ? Peu importe. Environ 400 000 Yéménites sont morts depuis le début de l’offensive saoudienne – il y a déjà plus de sept ans – pour déloger, en vain, les houthistes de Sanaa. Entre les bombardements et le blocus, les conséquences humanitaires sont désastreuses, et ni l’émotion (manifestations de solidarité) ni la fermeté (sanctions) ne sont au rendez-vous.
Les analystes les plus paresseux se contenteront de parler de “réalisme” (une sorte de “réalisme” à la carte), cette “toxine que l’esprit de dictature sécrète, pour les autres. Mais il se garde bien de s’en nourrir lui-même” (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-âmes, 1948). Les régimes autoritaires du monde arabe ne sont pas “réalistes” (ils font si souvent fi du réel), mais ils ont réussi à pousser leurs interlocuteurs – et Paris ne déroge pas à la règle – à s’accommoder de leurs turpitudes au nom du “réalisme”.
L’autonomie stratégique comme ligne diplomatique
Personne n’incarne mieux la continuité de la politique étrangère que Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense sous François Hollande (2012-2017), puis ministre des Affaires étrangères sous Emmanuel Macron (depuis 2017). Il se sera surtout distingué dans le domaine de la vente d’armes : les exportations françaises dans le secteur ont connu une augmentation de 44 % entre les périodes 2011-2015 et 2016-2020.
La France est aujourd’hui le troisième exportateur d’armements et elle doit en partie cette position aux pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Cette volonté d’exporter toujours plus d’armes n’est pas liée au quinquennat d’Emmanuel Macron en particulier et elle se justifie généralement par un objectif louable en apparence : “l’autonomie stratégique”. En d’autres termes, pour que la France soit capable d’équiper elle-même son armée sans dépendre de pays comme les États-Unis, elle doit pouvoir vendre du matériel militaire, notamment pour continuer d’innover.
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