MENACES PROLIFÉRÉES CONTRE LE ROI DES BAMENDJOU: HILAIRE KAMGA RECADRE LE PRÉFET DES HAUTS-PLATEAUX
L’homme politique et acteur de la société civile, pense que le Préfet des Hauts-plateaux a des soucis sérieux sur la maîtrise de la loi de 1990, portant sur les manifestations publiques.
Dans une correspondance,l e Préfet des Haut-Plateaux, Ousmanou Yampen, met en garde le roi des Bamendjou, Sa majesté Sokoudjou Jean Rameau Philippe, « pour avoir tenu une concertation politique non déclarée au sein de sa chefferie le samedi 18 juillet 2020 ».
L’autorité administrative indique dans sa mise en garde, que le roi a violé la loi Nº90/04 du 19 décembre 1990 en ne déclarant pas cette concertation. Par ailleurs, l'administrateur civil principal mentionne « que le chef a mis en péril l'ordre public et la légalité ».
Le préfet ne s’arrête pas là, il soutient que cet acte posé par le gardien des traditions « relève d'une attitude de rébellion intolérable et incompatible avec les fonctions d'auxiliaire d'administration qu'il assume».
L’autorité ne finit pas sans prévenir le chef traditionnel qu'en cas de récidive, il prendra toutes ses responsabilités conformément à l'article 29 du décret 77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles.
Cette sortie aux allures martiales a fait réagir Hilaire Kamga, par une lettre ouverte dans laquelle il rappelle au Préfet des Hauts-plateaux un certain nombre de fondamentaux.
Lisons
Monsieur le Préfet du département des Hauts- Plateaux Baham
Objet : Indignation suite à votre correspondance adressée au Roi Bamendjou. (L’intimidation ne saurait être un mode de gouvernance en République) Monsieur le Préfet,
Je viens de parcourir avec beaucoup de désolation la correspondance de « Mise en garde » par vous adressée au Roi Bamendjou, Sa Magesté Jean Rameau SOKOUDJOU, en réaction à la rencontre qu’il a eu dans sa chefferie avec des citoyens Camerounais d’horizons et d’opinions diverses.
Les mots utilisés dans votre courrier, dont le caractère humiliant indique à suffisance votre posture dédaigneuse à l’endroit de l’un des rares Sages que le Cameroun a encore le privilège de disposer, sont non seulement choquants mais aussi révélateurs de votre intention clairement exprimée de faire mains basses sur nos libertés.
Vous n’hésitez pas à écrire « vous avez mis en péril l’ordre public et la légalité », « attitude de rébellion intolérable »… pour conclure sur des menaces. Mais, Monsieur le Préfet, je voudrais humblement m’enquérir sur les motivations de votre incendiaire missive ; Je ne me permettrai pas de dire : « mais de quoi parles monsieur le Préfet ? »
Je dois ici indiquer que non seulement je suis petit fils de cette communauté, mais j’ai été de ces citoyens que le Roi Sokoudjou, malgré le poids de sa charge Royale, a bien voulu honorer ce 18 juillet 2020 à travers une réception et des riches conseils. J’ai donc participé à cette AUDIENCE privée au cours de laquelle nous avons échangé, dans l’enceinte de la Chefferie, de la question de paix au Cameroun en général et dans le NOSO en particulier.
Si c’est de la même audience que vous parlez dans la correspondance suscitée, alors j’aurai des soucis sérieux sur votre maîtrise de la loi de 1990 à laquelle vous faites allusion et insinuant que le Roi aurait violé certaines de ses dispositions pertinentes concernant la déclaration préalable pour les réunions publiques. Par quelle alchimie réussissez- vous à transformer en REUNION PUBLIQUE une audience, accordée par un roi? L’un des salons du Roi de Bamendjou est-il devenu un lieu OUVERT AU PUBLIC ? La Chefferie qui est une enceinte privée (comme la présidence de la République) est-elle devenue un lieu OUVERT au Public ? De quel texte tirez-vous la disposition selon laquelle une audience accordée par un Chef dans sa Chefferie est une réunion publique ?
Il convient de rappeler que le citoyen Camerounais en la matière (Libertés de réunion) est bien protégé par la législation nationale et internationale, et même par la jurisprudence constante. Je vous suggère à cet effet, une relecture de la Jurisprudence Yvonne Akoa, ou même celle récente la « Jurisprudence Jean Bosco Talla », dans laquelle le juge Camerounais a non seulement clarifié la notion de réunion publique, mais a condamné de manière ferme les autorités administratives s’étant livrées à des actes d’interdiction fantaisistes de réunions publiques.
Monsieur le Préfet, en considérant que c’était juste un malentendu et que votre correspondance sera rapportée, je voudrais vous prier de noter que nos libertés ont été acquises de hautes luttes, beaucoup de mes camarades y ayant laissé leurs vies dans ce combat. Nous ne sommes donc pas prêts à faire la moindre concession sur ces espaces de libertés, car un Etat de droit se gère dans le respect du droit et l’autorité administrative n’a pas compétence à créer le droit, mais à l’appliquer.
Par ailleurs, le Roi Sokoudjou, n’est pas un Chef comme les autres ; c’est un monument pour ce pays, qui a payé un prix fort dans la lutte pour l’affirmation du Moi camerounais. En près de 70 années de règne, il a su insuffler à plusieurs générations le sens de la république, de la justice, du bien commun et surtout de l’engagement citoyen. Bien que nul ne soit au dessus de la loi, il est peu indiqué d’adresser de telles menaces à une telle sommité porteur de valeurs aussi nobles.
Je voudrais pour conclure, dénoncer cette manière de procéder et surtout cette atteinte à l’honorabilité de notre roi et cette tentative de vous donner des libertés sur nos libertés. L’intimidation ne saurait être une forme de gouvernance. A la Légitimité populaire du Roi, le pouvoir du décret ne saurait prospérer.
Profonds respect.
Citoyen Hilaire KAMGA Petit fils de la Cour Bamendjou. Email : hilairekamga90@yahoo.fr Secrétaire permanent de la Plate-forme de la Société Civile pour la Démocratie
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