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«Plus jamais ça»: une semaine après le massacre de Kumba, la marche des femmes

Au Cameroun, une semaine jour pour après le massacre perpétré dans une école de la ville de Kumba, dans le sud-ouest anglophone, les femmes ont marché pour dire leur tristesse, leur colère et interpeller les autorités.



Parmi les manifestantes ce samedi, il y avait Minou Chrys-Tail, une journaliste et militante féministe francophone. Elle a fait le déplacement de Douala où elle vit, pour apporter son soutien à ses « soeurs anglophones ». Selon elle, près de 2000 femmes étaient mobilisées et cette journée fut pleine d'émotions.

« Quand nous sommes arrivées, nous avons été reçues par le maire, qui a autorisé cette marche, raconte t-elle à Sébastien Duhamel. Il y avait des chefs traditionnels qui sont sortis pour dire : Bravo ! »


L'armée qui d'ordinaire bloque les manifestations a accompagné la marche. « C’était très bien parce que l’armée, d’habitude, ce sont des personnes qui sont envoyées pour arrêter ces marches. Mais là, ils étaient à côté. Ils étaient là pour voir s’il n’y avait pas un souci, pour accompagner les femmes.


Les femmes avaient besoin de manifester, parce que ce sont des mères, elles étaient aussi là pour soutenir toutes les femmes qui avaient perdu leurs enfants. Tout simplement, parce que c’était d’une rare cruauté ce à quoi elle ont assisté il y a une semaine. Il y a des images horribles qui circulent.


Et ça m’a marquée, de voir ces femmes se lever et marcher, poursuit la journaliste. Elles ont marché sur un ou deux kilomètres.

« On a marché près d’un ou deux kilomètres. Elles pleuraient ! Elles se roulaient parterre, elles se relevaient… Elles brandissaient l’arbre de la paix pour dire : Plus jamais ça ! Il faut que ça s’arrête, il faut que vous nous écoutiez ! »


Les francophones doivent soutennir les anglophones


Quand les femmes manifestent de la sorte en Afrique, c'est qu'il y a un problème et selon Minou Chrys-Tail ce massacre de Kumba a créé aussi une prise de conscience chez les francophones.

« Il a fallu que l’on tue ces enfants pour que la partie francophone ait un sursaut et se dise : Mince, c’est sérieux !


Moi, je ne veux pas faire la langue de bois, il faut le dire, les Francophones n’avaient pas pris en compte la réelle gravité de ce qui se passait en zone anglophone. On avait l’impression en fait qu’il y avait des tueries, mais voilà, chacun vivant un peu sa vie…


On est coupables en fait de ce silence, d’avoir détourné le regard. Moi, en allant sur la route, il y a quelque chose qui m’a extrêmement choquée, ce sont les maisons criblées de balles, durant toute la route, sur Kumba, Muyuka et Koka…


Et là, on se dit, on réalise qu'on ne vit pas la même chose ! Eux, ils vivent avec la peur dans le ventre ! Les morts... On a besoin de faire un lien, de former un bloc. Il y a certes une crise anglophone, mais il faudrait que ça devienne un problème des Camerounais, qui soutiennent les Anglophones ».


Sept enfants de de neuf à douze ans ont été tués ce samedi 24 ocrobre 2020 à Kumba et douze autres ont été blessés. 



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