Prêtres pédophiles au Gabon : le scandale de la Fraternité Saint-Pie X
Durant de nombreuses années, des prêtres de la Fraternité catholique Saint-Pie-X, à Libreville, se sont livrés à des abus sur mineurs, en toute impunité. Radiographie d’un système verrouillé de l’intérieur, témoignages exclusifs à l’appui.

La pièce est spacieuse. Au premier étage de la villa que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X occupe dans le centre de Libreville, le père Patrick Groche a fait aménager une chambre qui n’a rien d’une austère cellule monacale. Le supérieur de la mission catholique y dispose d’un vaste bureau, d’où il préside aux destinées de la petite communauté de prêtres envoyés par l’ancien archevêque de Dakar, le catholique traditionaliste Marcel Lefebvre, en terres gabonaises. Pour ses moments de détente, le Français jouit également d’une baie vitrée et d’une terrasse. Comme l’ex-maire de Libreville Lubin Martial Ntoutoume Obame, ancien occupant de la maison, le prélat aime observer le Libreville de ce milieu des années 1980.
Non loin de son promontoire, une grande bibliothèque offre aux regards une sélection d’ouvrages religieux et de romans plus légers. L’un d’entre eux raconte l’histoire d’un enfant américain, Claude Lightfoot. « Insouciant et volage », ce dernier étudie à l’école des jésuites de Milwaukee et y découvre, sous la plume du père Francis Finn, « l’amour filial et fraternel » ou « la sainte communion ».
Patrick Groche, un intime que Marcel Lefebvre a chargé de développer les activités de la Fraternité fondée en 1970, aime à utiliser ce roman d’éducation. Régulièrement, l’abbé en évoque des passages avec les jeunes de sa mission, qui viennent les mercredis, samedis ou dimanches pour le catéchisme, la messe ou le tennis de table. Parmi ces adolescents, Claude, qui porte par coïncidence le même prénom que le héros de Francis Finn, occupera une place à part.
Commenti