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Par la Rédaction

PRC : Paul Biya a-t-il déjà désavoué Ngoh Ngoh ?

La question mérite d’être posée, après un éditorial signé le 5 mars dernier par le promoteur de la radio Ris Fm émettant à Yaoundé, Sismondi Barlev Bidjocka. Un éditorial qui continue à susciter moult réactions dans le sérail. Décryptage.



« Les éditoriaux de Bidjocka dérangent. Celui du 5 mars, le briquet sur la mèche. Tranchant. Précis. Bidjocka met à nu les incohérences de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun. Ce n’est pas le fait qu’il révèle le modus operandis du secrétaire général de la présidence de la République qui a mis en branle la machine judiciaire. Ce n’est pas non plus le fait qu’il dise que Ngoh Ngoh super-utiliserait «sa position pour régler ses comptes avec des ministres». Mais plutôt ses mots et expressions - «circonvolutions. Parallélisme. Prédateur.


Prédation administrative. Paralysie des courroies de transmission pour une meilleure prise de décision.» Pour l’éditorialiste donc, «on comprend maintenant pourquoi le président de la République est toujours accusé d’un certain nombre de choses dont il est pourtant étranger.» La suite du propos du promoteur de la radio Ris Fm se résume en ce que Ferdinand Ngoh Ngoh «use et abuse» du nom du chef de l’Etat pour régler des comptes personnels avec une «signature». Une situation qui mettrait à dos le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République avec plusieurs membres du gouvernement», déclare Sismondi Barlev Bidjocka.


Dans la foulée, le promoteur de la radio Ris Fm fait surtout cas des «fausses» hautes instructions du chef de l’Etat dirigées contre le ministre d’Etat Laurent Esso. «Affaire Bolloré. Le président était censé avoir donné son haut accord, mais mis au courant, il a lui-même annulé ce qui avait été fait. Affaire Basile Atangana Kouna. Sur très hautes instructions du président, le très respectable ministre Laurent Esso était censé obéir aux hautes instructions du chef de l’Etat, mais il a trouvé le moyen de lui poser la question. Réponse : non. Je n’ai jamais pris une telle initiative (…)», apprend-on du promoteur de Ris Fm qui révèlent par ailleurs que plusieurs membres du gouvernement en sont ainsi arrivés à émettre des doutes sur l’authenticité des consignes données par Ferdinand Ngoh Ngoh.


A chaque fois, indique-t-il, le chef de l’Etat a démenti les consignes de Ferdinand Ngoh Ngoh. Alors question: le chef de l’Etat a-t-il donc déjà désavoué le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République au regard des faits évoqués ?


Bouclier


Pour répondre à cette question cruciale, de nombreux observateurs estiment que la sortie du promoteur de la radio Ris Fm intervient curieusement au moment où les batailles pour la succession à la tête de l’Etat font rage. Certains allant jusqu’à dire que le président ne contrôle plus rien. Et aussi au moment où quelques langues soutiennent que c’est Ferdinand Ngoh Ngoh, protégé de la Première Dame, qui régente la vie de l’Etat. Par ailleurs, et c’est peutêtre le plus important, comme par enchantement, la publication de Sismondi Barlev Bidjocka intervient au moment où l’affaire Bolloré bat son plein. Ceci pourrait-il expliquer cela ? A chacun sa réponse.


Pour revenir à l’éditorial querellé, plusieurs analystes pointilleux indiquent que Sismondi Barlev Bidjocka et ses mentors tapis dans l’ombre font preuve de naïveté. Pour eux, tous les secrétaires généraux de la présidence de la République ont toujours fonctionné comme Ngoh Ngoh. C’est-à-dire, ils constituent des boucliers, mieux des fusibles du président de la République. Pour ces analystes, aucun secrétaire général de la présidence de la République ne saurait prendre des initiatives pertinentes, sans consulter le chef de l’Etat.


Le président de la République peut même, selon les cas, se dédire consciemment. Laurent Esso le sait. En clair, un secrétaire général de la présidence de la République n’est qu’une courroie de transmission qui ne saurait prétexter de l’âge du président pour opérer des fraudes puériles que les multiples réseaux qui fourmillent autour du président de la République détecteraient plus vite que l’on ne soupçonne.


Pour d’autres analystes tout aussi méticuleux, s’agissant de cette histoire de « fausses hautes instructions » attribuées à Ferdinand Ngoh Ngoh, il ne faudrait pas perdre de vue que l’actuel secrétaire général de la présidence de la République est en poste à une période singulière de l’histoire de notre pays : la transition que tous les acteurs politiques attendent. Ces derniers, installés dans l’exploitation des rentes de situations occasionnées par l’immobilisme gouvernemental, jugent ainsi que Ferdinand Ngoh Ngoh est mieux placé pour jouer un quelconque rôle.


Ce qui est tout simplement ridicule. Ce qui est évident, soutiennent encore nos analystes, tout occupant actuel de ce poste stratégique subirait les mêmes flèches. Pour eux, au regard de son âge et de son humilité, Ferdinand Ngoh Ngoh apparait comme l’homme qu’il faut aujourd’hui au chef de l’Etat à cet endroit et à ce moment…

Source : La Nouvelle, n° 581 du lundi 15 Mars 2021

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