Révélation: Atanga Nji, Paul Tassong et Lele Lafrique impliqués dans l'assassinat de Florence Ayafor
Selon plusieurs sources les trois personnalités citées plus haut avaient participé de bout en bout au film de cette gardienne de prison qui détenaient plusieurs secrets compromettants.

Sortie de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) de Buea en 2004, âgée de 46 ans au moment de son assassinat le 29 septembre 2019, Florence Ayafor était une gardienne de prison dévouée à la tâche, gentille et professionnelle, à en croire ses collègues du pénitencier de Bamenda que nous avons approchés. Rien à priori ne la disposait à être assassinée de manière aussi horrible. Mais, de sources proches de la prison de Bamenda, quelques semaines avant sa disparition, les relations entre Florence Ayafor et certains de ses collègues ainsi qu’avec le régisseur de la prison Henry Asaah Ngu Ndama, s’étaient considérablement détériorées. Et pour cause, la gardienne de prison se montrait très attentionnée vis-à-vis des prisonniers du conflit en cours en zone anglophone, surtout que 3 de ses frères en faisaient partie.
Du coup, au sein de la prison, elle était déjà soupçonnée d’être proche du mouvement indépendantiste anglophone. Par ailleurs, à en croire nos sources, Florence Ayafor s’opposait à l’exécution sommaire de certains détenus qui avaient été réquisitionnés par les autorités administratives locales pour certaines opérations secrètes telles que les kidnapping contre rançons, les assassinats, etc. Des crimes attribués aux séparatistes armés par la propagande officielle : “Le vendredi 20 septembre 2019, elle a été convoquée au bureau du régisseur qui lui a dit qu’elle n’a pas le droit de surveiller les prisonniers anglophones et qu’elle risque sa vie pour ça. Le lundi 23 septembre, Florence Ayafor a été convoquée cette fois-là par le gouverneur du Nord-Ouest, Adolphe Lélé Lafrique, qui lui a formulé la même mise en garde. Elle a répondu au gouverneur que sa mission c’est de protéger les prisonniers et non de les tuer. Elle a même soutenu que tous ces prisonniers ont été arrêtés injustement et qu’elle ne voudrait pas avoir la mort de l’un d’eux sur sa conscience. Elle a même menacé de mettre ce plan d’assassinat des détenus de la crise anglophone sur la place publique”, raconte un de nos informateurs.
COMMENT FLORENCE AYAFOR A ÉTÉ PIÉGÉE ET TUÉE
Florence Ayafor était donc témoin gênant d’un plan d’exécution sommaire de certains détenus de la crise anglophone, embastillés à la prison centrale de Bamenda. Il fallait donc l’éliminer. Mais comment? Selon nos sources, Mbah Charles, un proche collaborateur du gouverneur Adolphe Lélé Lafrique, a appelé au téléphone le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, pour lui faire part des agissements de Florence Ayafor et de son intention de tout déballer sur ce plan d’assassinat. Il faut organiser un traquenard vers lequel la gardienne de prison sera entraînée et tuée.
Paul Atanga Nji informe un de ses collègues du gouvernement et anglophone comme lui, le ministre délégué auprès du ministère de l’Economie, Paul Tasong (d’autres sources avancent plutôt le nom de Fru Jonathan, secrétaire général au ministère des Mines), du danger que représente Ayafor. C’est ainsi que le Fon (chef traditionnel) du village Menka-Pinying, un certain Asobo Pius Ngu, est contacté le mardi 24 septembre vers 13 h pour l’opération. Le monarque local leur informe des obsèques d’un gardien de prison au nom d’Agbor Dieudonné prévues le week-end du 27 au 29 septembre 2019 au village Pinying. Un gardien de prison va être commis par la bande pour conduire Florence Ayafor à ces obsèques. Mais après l’inhumation, le 29 septembre 2019, le gardien de prison va curieusement rentrer seul, laissant sa collègue au lieu du deuil. C’est au moment de son retour à Bamenda que Florence Ayafor, alors qu’elle se trouvait sur une moto, a été interpellée par des jeunes gens armés de machettes et de fusils de chasse. Il s’agit d’Acha Clovis (celui qui tranchait la gorge de la victime), de Doh Chamberlain et de Patrice Fontem. Déshabillée, cette pauvre dame a été violée, écartelée, trimballée sur une centaine de mètres puis égorgée. La vidéo de cette scène horrible a fait le tour des réseau sociaux quelques heures plus tard et choqué l’opinion mondiale.
LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE ET LA DIVISION DE LA SÉCURITÉ MILITAIRE ENTRENT EN JEU
Pour Atanga Nji et le gouverneur du Nord-Ouest, Lélé Lafrique (qui était en contact avec l’un des exécuteurs de Florence Ayafor), il fallait faire d’une pierre deux coup dans cet assassinat odieux : éliminer un témoin gênant de certaines opérations secrètes menées avec des prisonniers du pénitencier de Bamenda et surtout mettre cet assassinat sur le dos des séparatistes armés dans le but de dresser l’opinion internationale contre ces derniers, en plein Grand Dialogue National qui devait se tenir du 30 septembre au 4 octobre 2019 à Yaoundé. Au cours de ces assises, la vidéo de l’assassinat de Florence Ayafor a été projetée par des responsables du ministère de la Défense devant des diplomates occidentaux !
Une fois le crime commis, NKONDA TITUS alias Ma Kontri Pipo Dem, un activiste anglophone proche du régime Biya qui est basé en Angleterre, a reçu la vidéo des assassins et l’a diffusée en deux parties sur son site internet kontripipo.com le 30 septembre 2019, soit quelques heures seulement après l’acte criminel. Non sans attribuer ce forfait aux séparatistes armés. Une fois l’opération terminée, il faut effacer les traces, surtout que dans un communiqué du 10 octobre 2020, les États-Unis, à travers leur ambassade au Cameroun, ont invité le gouvernement camerounais à interpeller les présumés assassins et à les traduire en justice. Le 13 octobre 2019, l’Ambazonia Defence Force (ADF), branche armée d’une faction du mouvement indépendantiste anglophone dirigée par Ayaba Cho Lucas, a annoncé l’arrestation de 3 des assassins de la gardienne de prison. Entre temps, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, a réquisitionné le commandant de la Sécurité Militaire (SEMIL), le colonel Joël Émile Bamkoui, afin que ces jeunes gens impliqués dans ce crime odieux soit exécutés. Car les traduire en justice serait les amener à dévoiler leurs commanditaires.
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