Wilfried Ekanga : «pourquoi le camerounais ne peut pas dire que Paul Biya doit démissionner ?
L’analyste politique Wilfried Ekanga observe que la démocratie au Cameroun est ligotée.
Sur les antennes d’Equinoxe Tv, Wilfried Ekanga est revenu sur la récente interdiction de la marche de son parti politique le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), qui devait avoir lieu à Yaoundé, le 25 juillet 2021. Le sous-préfet de Yaoundé 1 chez qui la demande d’autorisation de cette marche a été déposée, a évoqué deux motifs. Le premier motif est le risque de trouble grave à l’ordre public. Et le deuxième est le risque de propagation du coronavirus.
Le militant du MRC Ekanga observe qu’au Cameroun, les autorités qui ont la charge d’autoriser ou d’interdire des manifestations veulent imposer aux manifestants, l’objet de leur dénonciation. Il ne faut pas dire qu’on est contre le président Paul Biya pourtant, note-t-il, la constitution le permet.
«Oui la démocratie est ligotée. Donc on décide à votre place de ce que vous avez envie. Donc le sous-préfet, l’autorité publique qui est censée régler l’ordre pour tous les camerounais est devenu un pouvoir RDPC. C’est donc le sous-préfet qui vous dit «moi j’aime Paul Biya. Ça ne me plaît pas que vous disiez que vous n’aimez pas le président. En fait, on met dans la tête des camerounais que, il est interdit au Cameroun que «je ne veux pas voir Paul Biya». Mais qui est-il pour qu’on ne veuille pas qu’il soit président. La 6ème puissance économique mondiale dans laquelle je me trouve, a des manifestations tous les jours où on dit Macron démissionne. Les français jouent sur cette rime-là. Pourquoi le camerounais ne peut pas dire alors que la constitution le lui prévoit que Paul Biya doit démissionner. C’est son droit. La police encadre et la police évite que cela déborde. Mais le sous-préfet ne dit pas aux camerounais ce qu’il doit dire…», a-t-il déclaré.
Lors de sa prise de parole, Wilfried Ekanga est revenu sur les choses qui appellent aux manifestations. Le cas de Monique Koumatekel, les fonds distraits pour les infrastructures de la CAN, les dépenses relatives au déplacement du président et de sa suite. Il s’interroge alors sur l’identité de ceux qui font réellement le trouble à l’ordre public.
«La maman qui a perdu un enfant à Douala il y a quelques semaines par manque de couvreuse…où je suis la petite fille de Monique Koumatekel… a vu sa mère perdre la vie sur le parvis de l’hôpital Laquintinie parce qu’on ne voulait pas la soigner. Parce qu’il n’y a pas de moyens, parce qu’il y a une mauvaise organisation, parce qu’il n’y a pas une logistique adéquate pour ce genre de cas. Et j’apprends après que Paul Biya et sa suite dépensent la location de l’avion sur le tarmac de l’aéroport de Genève, la location de la chambre du 6ème étage de toute la suite de l’intercontinental, que 3 mille milliards sur les infrastructures ont disparu et on doit me dire que je dois continuer d’applaudir. Je n’ai pas le droit de dire je ne suis pas d’accord. Donc le trouble à l’ordre public ce n’est pas ceux qui ont volé. Le trouble à l’ordre public c’est ceux qui se sont insurgés contre le vol. Voilà donc l’inversion des valeurs dans laquelle on nous met au Cameroun», a-t-il ajouté.
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