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Fin d'année 2020 : Paul Biya complètement déconnecté de la réalité

Ce 31 décembre 2020, le chef de l'Etat du Cameroun a une fois de plus frappé ses concitoyens par un discours qui semble être du réchauffé de son précédent message de fin d'année à son peuple. Rien sur son bilan, rien sur les promesses faites l'année dernière


Dès l’entame, Paul Biya parle de la Covid 19 en s’appesantissant sur des consignes sanitaires à l'instar de se laver les mains, le port des masques de protection, etc..


L'on est surpris qu'un Chef d’Etat réagisse sur un sujet aussi grave avec autant de légèreté. Au Cameroun, on ne voit pas dans la rue , les lieux publics les plus visités, les salles de spectacles, les bureaux administratifs, ce qu'il a fait pour que ces mesures dites barrière soient appliquées.


"Petite faiblesse dans le discours de Paul Biya. La locution "par ailleurs "apparaît dix fois. Pour un discours de chef d'Etat. Ce discours comporte des faiblesses techniques. Amateurisme des scribes du palais. Cette énonciation aurait pu être relue et corrigée.


Parlant de l'insécurité, il affirme lui-même que des bandits sévissent dans le grand nord.


Dans les régions anglophones, il y a des raids épisodiques de « soi-disant sécessionnistes » qui égorgent des enfants. Alors que lui-même parle d’enquêtes en cours, comment peut-il être sûr que toutes ces attaques sont l’œuvre des sécessionnistes ? A ce jour, sommes nous à combien de résultats de la kyrielle d'enquêtes annoncées au Cameroun ?


Il devra savoir qu'en tant que chef d'Etat, face à une crise, on n'utilise pas le langage de la force.


Biya devrait se poser des questions sur les causes de l'enlisement de la situation de cette crise dont il est lui même à l'origine.


Dans les règles de l’art, on ne gère pas un conflit dans un langage de la force. Si les conflits s'inscrivent dans le fonctionnement normal de la société, ils peuvent être cependant perçus comme la marque d'une insuffisance de dialogue ou comme un accroissement des divisions sociales. Dans ce contexte de dynamique sociale, il est nécessaire de pouvoir « déchiffrer » les conflits pour les gérer et les considérer comme des symptômes et des indicateurs du changement social, mais également comme des moteurs des changements.


La participation, la vraie consultation ou la négociation relèvent de l'effort de prévenir et mieux gérer les conflits dans le but d'améliorer la coexistence citoyenne. C’est en effet, ce qui manque actuellement au Cameroun, d’où l’enlisement de la crise anglophone.


L'on a une fois de plus, vu un chef d'Etat fatigué, épuisé. Sa voix ocre proche de l'extinction en témoigne


Dans son discours de ce 31 décembre 2020,Paul Biya a une fois de plus comme il en a l'habitude, surfé sur le concept de l'Etat, le déclinant dans sa propre dimension telle qu'il a voulu pour conclure de manière insidieuse une crise de son autorité. Il ne dira rien de concret sur ses échecs, comme si la question pratique du partage des pouvoirs était renvoyé aux calendes camerounaises.


Paul Biya n'a pas manqué l'occasion de tancer son adversaire politique, Maurice Kamto le président du Mouvement pour renaissance du Cameroun ( Mrc), qu'il désigne pour le moins, par une périphrase dédaigneuse et condescendante, n'osant pas prononcer son nom.(1)


Paul Biya parle "d'un homme politique autour duquel certaines personnes se sont rassemblées pour commettre une insurrection, en parlant plutôt de marches pacifiques".


Paul Biya " a rappelé les « exploits démocratiques » de son pouvoir sans avoir honte. Parce qu’il faut avoir un culot monstre pour qualifier toutes « les escroqueries électorales » qu’il a cité (sénatoriales, présidentielle, législatives, municipales, régionales) d’élections démocratiques.

Quelle démocrate oserait parler d’élections démocratiques alors que lui, Paul Biya, est tout à la fois et se permet tout :

- Il nomme les membres d’Elecam chargés du contrôle du processus électoral ;


- Il décide du code électoral


- Il nomme le patron du Conseil Constitutionnel ;


- Il utilise tous les moyens de l’Etat pour faire campagne;


- Il a nommé un griot quasi congénital à la Crtv …" (2)


Contestée dans sa capacité à unir la Nation, l'Etat de Biya ne peut avoir recours qu'à des digressions symboliques et sans contenu sur le sentiment national, sans rien garantir des modalités de sa construction ou plutôt en s'efforçant le plus possible d'en retarder la construction pour des raisons politiques. Il ne répond ni de manière concrète, ni de manière induite à la question: de quels moyens disposent les Camerounais pour assumer cette construction d'un Etat progressiste et moderne, s'il n 'y a pas des institutions pour cela?


Pour montrer son efficacité sur le plan économique, il s’est appuyé sur le Chan et la Can qui auront lieu au Cameroun au cours des deux prochaines années.


Pour conclure, il s’est lancé dans une leçon d’économie dont on se demande s’il maîtrise les tenants et les aboutissants (2)


Le Camerounais mieux averti devra s'inquiéter des difficultés recensées, dans la mise en œuvre au Cameroun, de la relance économique. Le panier de la ménagère demeure de plus en plus vide. Un tour dans les ménages, vous comprendrez que même les financements extérieures ne profitent en grande partie qu'à ceux qui les gèrent et qui parfois, figurent dans la liste de ceux qui ont pillé l'économie du pays


A voir, de près, cet endettement du Cameroun est un endettement politique pour accompagner les programmes politiques du président Biya en termes de grands travaux structurants. Mais en dehors de quelques projets, comme le port de Kribi, on se rend compte qu’une grande partie de cette dette n’est pas cohérente


La mal-gouvernance participe désormais d'une réalité insoutenable que Paul Biya a du mal certainement à assimiler. Personne ne pourra nier la réalité, parce que, la situation sociale non garantie du Cameroun, doublée sur la crise infrastructurelle ne sont autre que la conséquence logique du talent, du savoir-faire de l’homme qui trône à la tête de l’Etat du Cameroun depuis 1982.


(1) Darren Lambo

(2) Benjamin Zebaze

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