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Cameroun / Tension, déception : le PCRN enregistre une démission

Le PCRN de Cabral Libii est secoué par des crises internes depuis quelques jours. Selon des informations qui parviennent à la rédaction de Cameroun, Eloundou eloundou membre du parti aurait claqué la porte. Avant ce dernier, Olivier Antibio, cadre du PCRN avait violemment attaqué Cabral Libii sur l’épineuse affaire de terre qui divise les populations de la vallée du Ntem et les Bamileke de l’Ouest. Le vice-président du parti du cabri Olivier Atinbop alias Olson BAO, vient à son tour de publier une tribune pour prendre la défense des Bamileke



La Chasse aux bamilékés


Il s’appelait Ernest Ouandié surnommé « Le Che Guevara africain » , il était Vice-président de l’UPC (Union des populations du Cameroun), il était Bamiléké, né en 1924 à Badoumla dans l’arrondissement de Bana. Son compagnon de combat se nommait Ruben Um Nyobé surnommé le Mpodol c’est-à-dire le porte-parole, né le 10 avril 1913, ce dernier était Bassa, deux figures emblématiques et principaux acteurs de la lutte pour l'indépendance du Cameroun en 1960.


L’amitié qui liait ces deux jeunes révolutionnaires Camerounais était tellement sincère et naturelle au point où Ernest eut à donner le nom de son ami Ruben Um Nyobé à son dernier fils. Enseignant et directeur de l’école Bamiléké de new Bell, la carrière de Ernest Ouandié fût marquée par d’innombrables affectations dites disciplinaires, en réalité à caractère politique, qui le pousseront finalement à s’exiler d’abord en 1955 au Cameroun occidental puis à l’extérieur du pays quelques années plus tard. De retour d’exil en 1961 après l’assassinat de son ami Um Nyobe le 13 septembre 1958, il s'installe dans le maquis et mène le combat contre le régime fantoche de Yaoundé et le néocolonialisme.


Fervent défenseur de la cause Bamiléké, accusé déjà à l’époque de peuple d’envahisseurs, Ernest Ouandié fût finalement fusillé, le 15 janvier 1971 à Bafoussam dans l'ouest du Cameroun sous le régime d'Ahmadou Ahidjo sur ordre de Jacques Foccart.


Cette condamnation à mort aurait pourtant pu être évitée si Ernest Ouandié avait accepté de signer l’une des nombreuses lettres de recours en grâce présidentielle que l’évêque Monseigneur Ndongo, un autre Bamiléké, souhaitait transmettre au président Ahidjo. En effet presque chaque jour on lui apportait le dossier pour signer et il avait répondu à Ahidjo " Prenez vos responsabilités ; moi je prends les miennes devant l’Histoire ". Ernest Ouandié avait en ce temps conditionné sa libération par le retour au pays de tous les exilés politique et exigé au président Amadou Ahidjo l’organisation des élections libres et transparentes au Cameroun.


Il fût finalement exécuté en place publique le 15 janvier 1971 à Bafoussam sur ordre de son bourreau Jean Fochivé, avec deux autres Bamilékés, le jeune Raphaël Fosting, son compagnon d'armes au maquis ainsi que Gabriel Tabeu dit « Wambo le Courant », fondateur et responsable politico-militaire du mouvement de la « Sainte Croix pour la libération du Cameroun ». Modèle de nationalisme et de patriotisme, ce combattant Bamiléké à offert sa vie en sacrifice pour que le Cameroun soit un jour libéré de la domination des grandes puissances qui continuent d'exploiter ses ressources naturelles.


Dans une conversation enregistrée entre Jean Fochivé, alors chef de la Brigade mixte mobile (BMM) à Kondengui et Ernest Ouandié quelques jours avant son exécution, Jean Fochivé accusait Ernest Ouandié d’avoir mobilisé la jeunesse dynamique de l’Ouest pour l’envoyer à l’abattoir, d’avoir transformé des jeunes désœuvrés en guérilleros sans leur donner les moyens de se défendre. En effet avec la mort de M. Um Nyobé en 1958, l’UPC était presque morte. La classe intellectuelle Bassa qui animait et qui finançait en grande partie la révolution s’était retirée et beaucoup de combattants avaient préféré s’exiler en Europe.


Seuls sont restés dans le maquis des jeunes courageux bamilékés comme Che Guevara, entêtés et déterminés pour libérer le Cameroun malgré le peu de moyens qu'il disposait et malgré la mort de tous ses frères Upécistes (Um Nyobe, Felix Roland Moumié, Kingue Abel et la liste est exhaustive...) et ceci après avoir repris la tête de l’UPC. Ernest Ouandié est finalement réhabilité en 1991 et déclaré héros national par l'Assemblée nationale pour avoir « œuvré pour la naissance du sentiment national, l'indépendance ou la construction du pays, le rayonnement de son histoire ou de sa culture.


C’est dire le rôle immense et déterminant que le peuple Bamiléké a joué dans la libération du Cameroun, alors comment peut-on expliquer l’acharnement qu’on observe depuis de nombreuses années contre ce vaillant peuple d’entrepreneurs ? Un ministre de la république qui déclare qu’un Bamiléké ne sera jamais président de la république, propos à caractère tribale qui resteront sans condamnation publique malgré les nombreuses dénonciations ? La multiplication des accusations très souvent infondées d’occupation des terres contre les bamilékés ? Et que dire de la montée en puissance de la stigmatisation sociale du peuple Bamiléké ?


Devant cet afflux de haine, le Bamiléké ne doit avoir aucun reproche de conscience à se faire, d’autant plus qu’il n’a offensé personne. Ce peuple gémit en effet depuis de nombreuses décennies sous le poids d’une jalousie inouïe. Au Cameroun nul n’ignore l’importance qu’attache cette communauté au commerce qui d’ailleurs constitue sa principale source de vie. Cette pratique commerciale lui est innée ou plutôt héréditaire. C’est donc en réalité cette passion pour le commerce et très souvent pour le tourisme qui pousse parfois les Bamilékés au nomadisme. L’hôte du bamiléké a remarqué en celui-ci un sens d’union et de labeur indiscutable, pour en profiter il lui offre des facilités pour bâtir ses entreprises et ses châteaux, ayant ainsi réalisé ces projets, le bamiléké doit déguerpir, il n’est plus l’ami intime d’hier, il devient un homme de mauvais augure.


Mais il serait très faux de croire que l’émigration Bamiléké est indispensable, Il n’en est rien car lorsque ce dernier est expulsé, il regagne en général le sol paternel dans les montagnes toujours avec beaucoup de plaisir.


En l’absence d’un leader politique local crédible capable de défendre avec vigueur leurs intérêts, le peuple Bamiléké continu à subir les injustices très souvent injustifiées des oppresseurs. Jusqu’à quand cette situation va t'elle durer ?


Le Cameroun est à un tournant de son histoire et le peuple Bamiléké a cruellement besoin de se trouver un leader politique de poigne et crédible capable de défendre avec vigueur les intérêts et la dignité de ce vaillant peuple.


Aucun Camerounais ne devrait avoir peur d'affirmer son appartenance tribale. Notre singularité tient à notre diversité et notre unité. La promotion de nos identités culturelles est essentielle pour bâtir un Cameroun uni.

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