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La double nationalité : entre tricherie et manque de patriotisme !

Depuis quelque temps, le débat sur la double nationalité fait rage en Afrique. Cette question est revenue dans l’espace public avec plus d’ardeur et de passion lors des récentes élections béninoises, ainsi qu’à la suite de la naturalisation du président Blaise Compaoré qui a acquis la nationalité ivoirienne.



La vivacité de l’adversité des échanges était largement due au fait que le Benin et le Burkina Faso font partir des pays africains qui admettent le principe de la double nationalité.

Mais en dépit des arguments présentés par les partisans de la multi-nationalité, il est établi que celle-ci est très souvent utilisée pour des besoins de tricheries, par des citoyens qui manquent de patriotisme et qui sont souvent auteurs des manquements graves à la gouvernance dans leurs pays d’origine.


1- La double nationalité, une tricherie avec les institutions de la République


Les Africains qui optent souvent pour la double nationalité sont mus par une envie de tricher avec les institutions de leurs pays d’origine ainsi qu’avec celles de leurs nations d’adoption.

En effet, ils veulent souvent profiter des avantages qu’offre chacun de ces pays pour se soustraire à leurs obligations. Ainsi, la double nationalité est souvent utilisée pour l’évasion fiscale, car les personnes détenant plusieurs passeports font savoir aux autorités fiscales de chacun des pays qu’elles payent leurs impôts dans un autre, alors qu’elles ne le font finalement nulle part.


Toujours dans cette dynamique de dissimulation, certains utilisent leur double nationalité pour échapper aux poursuites judiciaires, et éviter de répondre de leurs actes délictuels devant les autorités compétentes. Un pays comme le Cameroun en a fait l’amère expérience. C’est ainsi que lorsqu’ils travaillaient et géraient d’importantes sommes du contribuable, Michel Thierry Atangana, ainsi que Madame Lydienne Eyoum se présentaient et étaient connus de tous comme étant des Camerounais.


Comme le témoignent de nombreuses personnes à l’instar de Titus Edzoa, ancien comparse et coaccusé de Michel Thierry Atangana qui a travaillé avec lui durant des années, et qui entretenait avec lui des relations quasi-intimes au point d’en faire son directeur de campagne. Mais une fois qu’ils ont été accusés de graves malversations financières et détournements de fonds, et surtout à partir du moment où ils ont été condamnés par la justice camerounaise, ils ont excipé leur seconde nationalité française. Histoire de ne pas répondre au fond aux accusations portées contre eux, comptant en cela sur l’intervention de la France qui n’y va pas souvent du dos de la cuillère lorsqu’il s’agit de défendre leurs citoyens détenus à l’étranger.


Par ailleurs, les Africains qui revendiquent urbi et orbi la double nationalité le font uniquement parce qu’ils veulent voyager en s’esquivant le plus possible aux formalités et les contrôles d’identité. C’est ainsi que des Africains ayant commis des crimes et étant recherchés en occident s’enfuient souvent pour venir se réfugier sur le Continent. Comme l’avait fait Youssouf Fofana, le leader du « gang des barbares » qui était venu se réfugier incognito en Côte-d’Ivoire suite à la mort d’Ilan Halimi, que son groupe de criminels avait enlevé dans la région parisienne puis séquestré et torturé en janvier 2006. Cette facilité de circulation et de dissimulation des criminels qu’on a eu à relever lors de cette affaire est aujourd’hui davantage plus inquiétant avec le contexte de vulgarisation et d’internationalisation du terrorisme dont les affres frappent en plein fouet les pays africains.


2- La double nationalité, source de graves manquements dans la gouvernance


Du fait de leur slalom entre deux ou plusieurs nationalités, certains Africains affichent des comportements des plus répréhensibles sur le plan de gouvernance.

C’est ainsi que comptant sur « l’immunité » que leur confère leur double nationalité, des responsables africains pillent allègrement les caisses. Tout en sachant qu’à la moindre incartade, ils vont se réfugier derrière leur deuxième nationalité, qui le plus souvent est occidentale. Pire encore, d’autres vont jusqu’à porter plainte aux autorités de leur pays d’origine devant les juridictions de leur Nation d’adoption, pour « séquestration », « détention arbitraire » ou encore « traitement inhumains et dégradants ». Juste pour éviter de répondre de leurs actes et de noyer le poisson. C’est la stratégie que semble avoir désormais adopté le camp Wade dans le cadre de l’affaire qui oppose Karim Wade, ancien « ministre du ciel et de la terre du Sénégal » sous son père, à la justice sénégalaise, et qui crie aujourd’hui à la « persécution d’un citoyen français par une justice étrangère ». Rien que ça !


Les pays africains qui d’ordinaire font déjà face à des graves soucis en termes de gouvernance, du fait d’une corruption ambiante, voient ainsi leur situation s’aggraver et s’empirer. Surtout que les auteurs des détournements massifs de fonds qui disposent de la double nationalité vont souvent dissimuler les sommes astronomiques frauduleusement acquises dans leurs pays d’adoption. Ce qui a pour conséquence majeure, et délibérément voulue, de compliquer les procédures de saisie et de surtout de rapatriement des fonds querellés.


3- La double nationalité, la matérialisation et l’illustration d’un manque de patriotisme


En définitive, la double nationalité apparaît comme la manifestation et l’illustration d’un manque de patriotisme. Car comme le démontrent les faits et les événements sus-évoqués, les tenants de la double nationalité sont tout d’abord comme des mercenaires qui se donnent au plus offrant, et que, dès que ça ne paie plus ou quand la situation bascule, ils passent à l’autre camp avec armes et bagages. Ensuite, les détenteurs de la double nationalité sont comme des « déserteurs » qui abandonnent leurs pays pour les « verts pâturages ». Pendant que leurs compatriotes supportent les dures conditions de vie de leurs pays, et se battent tous les jours pour faire avancer les choses, eux choisissent d’aller prendre la nationalité des pays où tout est déjà acquis. Tout en oubliant que ce qu’ils admirent dans ces pays a été acquis de haute lutte par les enfants de ces Etats, qui au lieu de fuir ont affronté la dure réalité pour la changer.


Enfin, ceux qui prennent la double nationalité, très souvent au lieu d’aider leurs pays d’origine, passent le clair de leur temps à critiquer et à ternir l’image de la Nation et de leurs institutions. Considérant qu’ils sont déjà « arrivés », ils passent le clair de leur temps à afficher un mépris, digne des pires colons et racistes, envers leurs frères et sœurs restés au pays. Se considérant désormais comme des « blancs », ils n’hésitent pas souvent à se mettre au service de leur nouveau pays pour piller leur nation d’origine. L’acquisition de la double nationalité est encore plus dangereuse, si l’on tient compte du fait que généralement en matière de géopolitique, l’on ne saurait servir deux martres.

C’est ainsi que lors c|e l’acquisition de la nationalité américaine, par exemple, le nouveau citoyen naturalisé, déclare sur l’honneur, « Je fais le serment d’abandonner et d’abjurer toute allégeance et fidélité à quelque prince étranger, potentat, Etat ou souveraineté dont j’ai été précédemment le sujet ou le citoyen; de soutenir et de défendre la Constitution et les lois des Etats-Unis d’Amérique contre tous les ennemis, étrangers ou intérieurs; de rester fidèle à ces mêmes engagements; de porter les armes au nom des Etats-Unis quand la loi l’exigera; d’accomplir une tâche d’intérêt national sous administration civile dans les forces armées des Etats-Unis quand la loi l’exigera; et je souscris librement à cette obligation sans réserve ni intention de fuite; que Dieu m’aide.».


Par Armand Manga, juriste consultant

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